[CAP] Passer un CAP de Boulanger en candidat libre à 51 ans
Voilà, c’est fait. Je viens d’obtenir mon CAP de Boulanger, passé en candidat libre.
Qui suis-je ?
J’ai 51 ans, marié sans enfant, et je suis informaticien, pour faire court.
J’ai travaillé toute ma vie comme cadre ou cadre sup dans des entreprises internationales (services, High Tech, RH, Industrie) et mon territoire actuel est l’informatique « Cloud », celle qui propose des solutions sur Internet, dans l’Univers de Microsoft, Facebook, Google… Bref, aussi loin que possible du monde du Pain !
Pourquoi avoir passé un CAP de Boulanger ?
Situation très courante par les temps qui courent, je me suis retrouvé il y a 3 ou 4 ans dans une situation professionnelle très compliquée, qui m’a amené sérieusement à envisager une reconversion histoire de respirer un peu. Avec ma femme, nous avons d’abord envisagé de nous lancer dans le maraîchage Bio, allant jusqu’à me former à la permaculture et à visiter des fermes dans le Périgord (une région que nous aimons beaucoup). La perspective de gagner 800 euros (à deux) par mois pour une activité physiquement dure et pleine d’aléas naturels (climat, prédateurs, maladies,…), nous a finalement quelque peu douché...
Nous avons donc préféré chercher d’autres voies, et de la graine potagère au grain de blé il n’y a qu’un pas. Celui ci qui nous a mené en ligne droite à un stage chez Roland Feuillas, personnage haut en couleurs et passionné, qui dispense avec générosité sa passion du Pain 100% nature, du Grain, de la bonne Farine et sa vision du monde, en son Moulin de Cucugnan.
Nous y étions allés nez au vent, sans avoir jamais fait de pain me concernant, pour vivre une expérience humaine dans un stage un peu hors norme. Nous n’avons pas été déçus. Si ce stage ne répond pas à toutes les attentes (on voit faire du pain mais on ne le fait pas soi-même), le périmètre couvert est très large (on pourra parler de vision globale ou holistique), et plus pointu sur certains sujets techniques que la plupart des autres stages.
Après avoir découvert les Blés anciens chez Roland, j’ai eu envie d’en semer moi-même. J’ai tenté l’expérience dans mon potager, sur 2 m2, et je suis allé jusqu’à négocier des terrains avec la mairie de ma ville, qui était prête à me prêter 8000 m2 rien que pour ça ! Mais la complexité de la tâche et mon manque d’expérience, de temps et d’équipement m’ont fait renoncer… Parfois il faut savoir admettre ses limites.
Ce premier stage nous a amené ensuite à vouloir en savoir plus sur le pain en lui-même, et surtout à la manière de le faire dans d’autres conditions : à la main, sans mécanisation. Nous sommes alors allés à la rencontre de Nicolas Supiot, en Bretagne. Nicolas pratique le pain sans artifice, pieds nus sur la terre battue, pour être en contact avec la Terre, avec des blés Paysans à la Meule de Pierre, de l’eau Dynamisée, et quelques prières. Avec lui nous avons mis les mains dans la farine, dans la pâte, et nous avons découvert le pétrissage manuel et le pétrin en bois à l’ancienne (mais ergonomique !). Ce qui me donnera envie de (faire) construire mon propre pétrin dans les règles de l’Art partagées par Nicolas, dont je suis toujours aussi satisfait aujourd’hui.
J’ai commencé à faire du pain comme tout le monde, dans la cuisine, avant d’investir le sous-sol de la maison pour y fabriquer un fournil (au grand soulagement de madame, qui voyait d’un œil noir la farine envahir la cuisine). Je me suis exclusivement consacré aux blés anciens, paysans, hauts, au levain 100%, et à la farine de meule. Et c’est ainsi que nous avons découvert le Pain, le Vrai, celui qui nourrit vraiment, qui ne rend pas malade.
Ayant eu envie de vendre ce pain que l’on ne trouve que rarement, je me suis rapidement aperçu que l’on ne peut guère avoir une quelconque activité professionnelle sans avoir un CAP (ou 12 ha de blé avec un statut de Paysan-Boulanger !). Il me fallait donc passer ce CAP en Candidat libre, en marge de mon activité professionnelle dans l’informatique.
Passer le CAP de Boulanger en candidat libre
Nous sommes nombreux à passer des CAP en candidats libres chaque année. Un article récent (Capital – Juin 2018) cite une étude de l’Institut Supérieur des Métiers qui précise que 12% des créations de sociétés artisanales sont actuellement le fait d’anciens cadres, soit environ 6000 personnes. C’est à la fois peu et beaucoup.
Si certains Boulangers professionnels pensent encore que ce diplôme ne peut pas être décroché sans passer par un cursus long, force est de constater que c’est possible : il m’aura quand même fallu 9 mois de préparation, en parallèle de mon Job, en y consacrant 2 ou 3 soirées par semaines, et tous mes dimanches pendant 5 mois. Et j’avoue que j’ai l’impression que cela aura été au final plus ardu à bien préparer que le double Master passé il y a 10 ans à l’ESCP Europe / Supelec. Si la théorie est très basique (j’y reviendrai), la pratique nécessite une réelle préparation, sous peine d’être en panique le jour de l’examen. Nous étions 5 à passer en candidat libre le jour J, et je fus le seul à finir dans les temps : les autres ont parfois enfourné en catastrophe 30 minutes après la fin du délai… au moins pour ne pas jeter la pâte. Ce qui n’a pas empêché une partie d’entre eux de décrocher leur diplôme néanmoins, grâce aux résultats des écrits.
Pour passer le CAP en candidat libre, il y a plusieurs approches :
1- Se préparer tout seul, avec des livres et son équipement de cuisine.
C’est évidemment la solution la plus économique, qui ne vous coûtera que les matières premières pour vous entraîner à la pratique, les livres et la tenue réglementaire, soit quelques centaines d’euros. En dehors du côté économique, j’y vois de gros inconvénients :
- Vous n’avez aucune assistance, personne avec qui partager vos questions et elles seront nombreuses
- Votre entrainement est limité par votre équipement de cuisine, ce qui vous préparera assez mal à ce que vous devrez utiliser lors de l’examen pratique.
- Personne ne corrige vos gestes
- Les conditions de l’examen seront très éloignées de vos conditions à domicile et vous en serez d’autant plus perturbé le jour J, avec le risque d’échouer.
2- Se préparer tout seul avec des livres et faire des stages en Boulangerie
Cette option reste économique mais beaucoup plus jouable, en particulier sur le côté pratique. Mais votre stage en boulangerie devra être bien choisi et adapté, car toutes ne sont pas équipées en laminoir par exemple, ou les recettes utilisées sont parfois éloignées de celles de l’examen. Sans parler du fait qu’il faut pouvoir s'entraîner à enchaîner les 16 combinaisons de recettes possibles du jour J, ce qui n’est pas forcément possible en Boulangerie, celle-ci ayant ses propres contraintes de production. Certaines boulangeries acceptent cependant de vous laisser vous entrainer au programme du CAP, mais cela ne doit pas être le plus simple à trouver, et cela ne doit pas perturber l’activité de production normale de l’établissement.
3- S’inscrire dans une école en ligne sur Internet et faire des stages en boulangerie
Si vous ne pouvez pas libérer du temps pour suivre physiquement des cours dans une école, il vous reste l’option des écoles en ligne sur Internet : elles vous apporteront les bases théoriques (cours, tuto vidéo) via un site de e-learning, et certaines (ex : l’EISF) vous accompagnent via un système de tutorat par mail. Précieux pour poser toutes les questions que vous avez, tant sur les cours, le pain, que sur les examens.
4- S’inscrire dans une vraie école avec des stages en boulangerie.
Cette option est probablement celle qui vous apportera l’enseignement le plus complet, en contrepartie d’un coût plus élevé et d’une nécessaire disponibilité de plusieurs mois. En fonction de votre projet, cela pourra (ou non) être approprié.
Comment je me suis préparé
Me concernant, j’ai choisi l’option qui consiste à s’inscrire dans une école en ligne, avec des stages en boulangerie.
Je me suis inscrit à l’EISF, ce qui coûte actuellement 1080 € pour l’année, Tuteur inclus. A cela il vous faudra ajouter le prix d’une tenue réglementaire (qui se trouve à moins de 100 €), et les ingrédients pour vos entrainement : j’ai estimé le coût global à moins de 2000 €, en raison des 8 kg de production que j’ai réalisés presque chaque WE pendant 5 mois pour apprendre et m’entraîner. Mes voisins, mes amis et collègues de bureau ont été heureux eet gavés de pain et de viennoiseries pendant 5 mois : il fallait bien écouler la production hebdomadaire !
Fin 2017, il n’y avait que deux écoles françaises à proposer une préparation en ligne pour le CAP, l’autre étant l’école des Pros. L’avantage de ces écoles, c’est qu’elles proposent des conventions de stage, ce qui facilite d’autant la recherche de stage.
l’EISF propose des cours théoriques qui suffisent pour les examens écrits, en complément des annales, et des recettes associées à des Tutos vidéo très bien réalisés qui permettent de s'entraîner chez soi. Mon tuteur, Christian, a toujours été extrêmement réactif et professionnel, toujours là pour répondre à mes questions, et elles n’ont pas manqué !
Je me suis inscrit en septembre 2017, et j’ai commencé à butiner dans les cours, au gré de mes envies. Je n’ai réellement commencé à m’entrainer sur les recettes qu’en janvier 2018. J’ai commencé par une recette, puis deux en même temps, puis 3, puis 4. Comme à l’examen.
Il y a 16 combinaisons de recettes possibles, j’ai alors décidé de me faire 16 CAP blancs de 6h30 pour toutes les faire. Au final, je n’ai pu en faire que 14 sur les 16, mais j’ai le sentiment d’être arrivé très bien préparé à l’examen pratique , voire presque trop confiant.
J’ai ensuite complété mon entraînement à domicile par 7 jours en boulangerie (dans 2 maisons différentes). Ce fut extrêmement précieux le jour de l’examen pratique. J’ai appris en boulangerie à travailler sur des volumes importants, à façonner à la main, à utiliser des machines que je n’ai évidemment pas chez moi (pétrin mécanique professionnel, frigos professionnels, laminoir, four professionnel, tapis enfourneur, diviseuse, façonneuse, …). Cela m’a évité d’être perdu le jour J.
Coté théorie, il est VITAL de s’entrainer sur les annales et surtout sur les corrigés (moins faciles à trouver : j’en connais seulement 4). Les questions posées à l’examen sont particulières et attendent des réponses particulières. En travaillant avec les annales et leurs corrigés, vous ne serez pas surpris aux examens, ce qui maximise votre chance de réussite.
L’examen
Nous étions 3 de l'EISF à passer ce jour-là, sur 5 candidats.
Ouverture de la session à 8h.
Présentation du labo et des règles de l’examen.
Le sujet nous est distribué : Tradition + Campagne + Brioché + Viennoiserie. Exactement ma dernière session d'entraînement deux jours plus tôt, et peut-être la combinaison la plus pénible à planifier selon moi.
Pain de Tradition. Cette partie de la pratique était la moins simple à préparer à l'entraînement car je ne savais pas quelle commande nous allions avoir au final. Et ce sont 11 kg de pâte qui nous ont été demandés : 6 pains longs de 550 g, 6 pièces en trois formes de 550g, 10 baguettes de 350g dont deux épis, et 12 petites pièces de 70g en 3 formes au choix. J’avoue que j’escomptais 6 ou 8 kg de pâte, mais pas 11 kg ! Je me suis entraîné avec 2.3 kg de pâte, le maximum accepté par mon batteur KitchenAid, et là il allait falloir en gérer 5 fois plus, ce qui impliquait 5 fois plus de temps de détaillage / façonnage / enfournage. Autant dire que la rapidité d’exécution devient critique dans ce genre de situation : Mon séjour en boulangerie m’a permis de tripler la mienne, même si je restais beaucoup plus lent que les boulangers professionnels. Cependant, j’ai quand même perdu pas mal de temps sur cette recette, ce qui m’a obligé à adapter mon planning à la volée. Et c’est là que l'entraînement type « CAP blanc » devient précieux, car cela vous confronte à tout un tas de difficultés ou d’échecs qui vous renforcent ensuite le jour J. A mon sens, même si les imprévus mettent votre diagramme de production à mal, une bonne planification initiale permet ensuite d'avoir un guide précieux qui limite le stress. Ma méthode de planification a parfaitement fonctionné pendant l’examen.
Pour les autres recettes, elles étaient sur la base d’1 kg de farine, donc très proches de mes quantités à l'entraînement et donc de mes prévisions de temps de manipulation habituelles.
Au passage, le Jury n'a pas fait de commentaire sur les cahiers de recettes apportés par les candidats, et ils étaient même un peu étonnés du mien qui tenait en seulement deux pages simples, avec juste les ingrédients. Je voulais être aligné sur les exigences officielles de l’examen, et ne pas risquer de me retrouver en déséquilibre si mon cahier de recette m’était enlevé : Les règles imposent de n’avoir QUE les ingrédients et aucune information de protocole. Je vous livre au passage la synthèse (suivez le lien) que j'ai pu faire des protocoles conseillés à l'examen. Je l'ai apprise par coeur en deux jours, et cela a été un réel confort ensuite, évitant le soucis du jury trop strict.
Le four à sole du CFA cuisait plus vite que le mien il m'a semblé, donc il fallait le surveiller de près pendant la cuisson. De même, la chambre de pousse a fait gonfler mes viennoiseries plus vite et plus fort qu’à l’entrainement avec mon parisien en bois sans humidité. Ceci dit, la farine "améliorée" de boulangerie utilisée avait probablement des caractéristiques très différentes de celle (bio sans améliorant) que j'ai utilisée pour m'entrainer. Ce qui peut aussi expliquer la différence de comportement des pâtes.
Quelques conseils supplémentaires
Prenez TOUT le matériel dont vous avez besoin : le CFA peut être dépourvu des outils de base (couteau, brosse à ongles, etc). Rangez le dans le parisien mis à disposition sous votre plan de travail, soit dans un tiroir si vous en avez un, soit sur une planche que vous dédierez à cela : cela vous permettra d’avoir un plan de travail (Tour) à peu près rangé et libre.
Apportez à manger et à boire, car sinon c'est dur. le CFA ne nous a rien proposé.
Température : bloquez la pâte au froid dès que nécessaire, surtout s’il fait très chaud !
Nettoyez votre Plan de travail au fur et à mesure : sinon vous perdrez des points et vous serez en galère à la fin, faute de place.
S’il fait chaud le jour de la pratique, diminuez la levure (5 g pour la tradition, 8 g maximum pour le pain courant), voire la température de base (selon la règle : 3° dans l’eau = 1° dans la pâte).
Pour éviter de vous retrouver avec une pâte trop douce (molle) et donc difficile à gérer, adoptez des TH plus bas que les recettes habituelles : 62% pour le courant, 65% pour la Tradition. Vous pourrez définir votre recette (et donc la quantité de levure et le TH) en début de pratique lorsque vous remplirez le formulaire demandé. Au passage, vous trouverez sous ce lien les grilles de notation utilisées à l’examen, ce qui vous éclairera sur ce qui est attendu.
On m'a laissé le choix de faire l'abaisse des viennoiseries à la main ou au laminoir. Au final, j'ai trouvé que la pâte avait trop de ténacité pour l'abaisser à la main, donc j'ai tenté le laminoir, alors que je n'en avais utilisé un que quelques minutes quelques mois avant. Il faut juste ne pas abaisser trop fin (sous 4mm), pour éviter que le laminoir « n’avale » votre pâton entre ses rouleaux. Un candidat a perdu ses croissants de cette manière. Finissez plutôt votre abaisse au rouleau à partir de 4mm.
Au passage une astuce : je réalise la viennoiserie en un seul pâton, mais généralement je réserve la partie "Pains aux raisins" au froid, le temps que je fasse les deux autres parties, ou que je traite une autre recette entre deux. Cela évite que l’un des pâtons continue de fermenter trop longtemps et cela vous donne de la souplesse dans votre planning.
En conclusion : sur 5, j'étais le seul à avoir terminé avant le temps imparti, malgré quelques boulettes (par exemple j'ai lancé le pétrissage du campagne 90 minutes avant le planning... donc je l'ai bloqué au froid en fin de pétrissage pour ne pas bousculer mon planning) et les dérives de temps liées aux quantités inhabituelles de pâte à travailler.
Pas de panique, n'essayez pas d'aller trop vite mais ne perdez pas trop de temps, et prenez le temps de respirer si quelque chose part de travers.
Mon avis sur le CAP
Le CAP est un examen normalement passé par des ados de 15 ans qui travaillent deux ans pour le préparer, dont la moitié en alternance en situation professionnelle en boulangerie. Ils acquièrent donc une pratique très au-delà de ce que l’on peut acquérir en quelques WE chez soi ou en quelques jours de stage. Cela se traduira fortement sur le détaillage, le boulage, le façonnage, la mise au four…
Ce que j’ai appris
Si je ne retiendrai pas tout ce que l’on a voulu m’apprendre, faute d’intérêt me concernant, ces 9 mois d’auto-formation m’ont permis d’avoir des bases plus solides sur les matières premières, l’hygiène, et surtout sur les processus de fabrication des produits.
Si je n’ai nulle envie de fabriquer des produits dans les conditions enseignées dans le CAP (levure, fermentations trop courtes, pétrissages trop longs, farines « améliorées »,…), cela m’a forcé à m’entrainer aux façonnages, et m’a amené à réfléchir longuement à tout un ensemble de mécanismes qui interviennent dans la fabrication du pain. Cette prise de maturité, qui ne suffira cependant pas à faire de moi un expert, me permet déjà d’aller plus loin dans l’exploration du Pain au levain à l’ancienne qui est mon domaine de prédilection.
Ce que l’on n’y apprend pas
Le CAP prépare à des métiers de production en boulangerie conventionnelle. Cela revient généralement à suivre une recette et un protocole inscrit sur les sacs de farine, avec un vrai savoir faire manuel, un sens aigu de l’organisation, et un rythme d’enfer.
Les cours théoriques restent très basiques pour un adulte ayant déjà suivi un enseignement supérieur, ce qui peut être très frustrant (mais logique si l’on considère que le public ciblé sont des adolescents de 15 ans), en raison du manque de profondeur du contenu théorique. Et ce d’autant plus quand on s’intéresse au Pain qui n’est pas enseigné ou partiellement survolé dans le programme (fermentation longues et lentes, levain, blés anciens,…).
Si le thème du levain est abordé dans les cours théoriques, cela n’a pas sa place pendant l’examen pratique, et une partie des cours que j’ai apprise tendait à expliquer que la farine de meule est globalement moins saine (présence de germes), moins pure (avec un taux de cendre élevé)… Par ailleurs, les cours sont assez clairs sur le fait que la farine panifiable doit avoir un W (force) de 180 à minima, ce qui interdit de faire du pain avec du petit épeautre par exemple (W de 80 !).
Bref, si le CAP forme des ouvriers de production dans un contexte conventionnel, capables de produire en quantité des pains standardisés, la formation peut ensuite être un handicap pour s’intéresser aux pains à l’ancienne, Bio, en fermentation longues et lentes, sans additifs, auxiliaires technologiques et adjuvants, réalisés à partir de blés anciens sur moulins à meule de pierre, puisque les cours tendent à expliquer que ce pain n’est ni sain ni possible parfois, et qu’il n’existe pas de protocole garantissant à 100% que cela va fonctionner tous les jours. Difficile de s’étonner alors que des boulangers professionnels ne sachent pas ce qu’est le petit épeautre… ou ne sachent que faire d’une farine de blé ancien, faute de protocole.
Et c’est comme cela que l’on croise des personnes diplômées d’un CAP qui suivent des stages non conventionnels, disant que le CAP ne leur sert à rien pour faire du pain à l’ancienne...
Par ailleurs, il est surprenant que les cours théoriques insistent autant sur la qualité nutritionnelle, l’équilibre des repas, et que rien ne soit dit sur l’acide phytique et la déminéralisation engendrée par la fabrication du pain complet en moins de 12h. D’ailleurs, beaucoup de professionnels semblent n’avoir jamais entendu parler de ce sujet…
En conclusion
Passer un CAP en candidat libre demande un investissement personnel mais reste atteignable et instructif. Votre préparation et les stages vous donneront une expérience très précieuse pour vos projets futurs.
Essayez de ne pas apprendre seul, et surtout, faites des stages en boulangerie : cela augmentera sensiblement vos chances et vos compétences.
Par ailleurs, il est précieux, comme ce fut ma chance, d’avoir un partenaire (si vous n’êtes pas célibataire) qui vous suit dans cette aventure, car vous allez y passer “un peu” de temps et d’énergie. Ma femme m’a été d’une aide précieuse, à la fois en me soutenant moralement, et en assurant plus que d’habitude la logistique pendant ces 9 mois d’étude, pour que je puisse m’entrainer sereinement. Je lui dédie mon diplôme :)
Bonne chance à vous si vous tentez l’expérience aussi.
Quelques liens :
- Description de l'examen :
http://www4.ac-nancy-metz.fr/alimentation/CAPboulanger_fichiers/2016CAPBoulacc.pdf
- Exemple de support d'examen :
http://www.metiers-alimentation.ac-versailles.fr/IMG/pdf/2016_cap_boulanger_-_sujet_0_ep2.pdf
- Dossier National d'évaluation pratique :
http://www.metiers-alimentation.ac-versailles.fr/IMG/pdf/dossier_national_d_evaluation_pratique._cap_boulanger_2015.pdf
- Exemple que Cahier de Recette (non accepté à l'examen) :
http://techno.boulangerie.free.fr/04-Cours/06-TechniquesMaterielProfessionnel/01-EtapesPanif/01-DocsOrga/01-Recettes/toutes%20les%20recettes%20CAP%20PDF.pdf